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Histoire du Mentonnais antique et médiéval
1 janvier 2019

ITINERAIRES. 1. LA VIA IULIA AUGUSTA.

ITINERAIRES. 1. LA VIA IULIA AUGUSTA.

J'inaugure ce site consacré à l'Histoire du Mentonnais du Premier Âge du Fer au meurtre de Lucien Grimaldi par une série d'articles consacrés à la géographie et l'ethnographie de la Ligurie antique, puisque le Mentonnais apparaît dans la documentation avec la mansio romaine de Lumone (Carnolès), qu'il y a tout lieu de situer à l'embouchure du Gorbio. Les trois tombes de Lumone dont l'épigraphe a été conservé prouvent que la mansio dépendait du municipe de Vintimille, lui-même inclu dans la IXe regio augustéenne, la Liguria. L'étude des réseaux viaires permet ainsi de définir quels sont les axes principaux de circulation entre le Mentonnais et le monde romain. Un itinéraire, dit improprement “Itinéraire d'Antonin”, compilant à la fin du IIIème siècle différents itinéraires précédents, et décrivant 372 voies de tout l'Empire, avec leurs différents gîtes d'étape (mansiones), situe Lumone à 16 milles de Vintimille (Albintimilio) et 6 milles de La Turbie (Alpe Summa).

Sur cette via Iulia Augusta, vingt-neuf bornes milliaires ont été retrouvées: dix datent d'Auguste, dont deux à l'Ouest du Paillon, quatre d'Hadrien, treize de Caracalla et deux de Valentinien1. Seules deux peuvent être situées avec précision, les bornes 606 et 607, qui se dressaient au-dessus du vallon de Laghet. L'emplacement des bornes milliaires est loin d'être régulier: celles qui ont été conservées, souvent dans l'appareil des églises et chapelles qui jalonnaient le parcours, constituent autant de limites entre cités ou de carrefours avec des voies secondaires, la densité des milliaires autour de La Turbie signalant simplement la solennité du lieu. Les étapes les plus longues des itinéraires ligures peuvent dépasser les 30 milles, ce qui suppose des haltes intermédiaires, mais l'existence de relais de poste (mutationes) fait débat.

Le nom de la via Iulia Augusta nous est connu par l'oeuvre de restauration entreprise par l'empereur Hadrien en 125. Elle date du principat d'Auguste, qui a restauré et aménagé des voies indigènes entre juillet -13 et mars -12, un an après la soumission des tribus mentionnées sur le trophée d'Auguste. Elle se poursuit jusqu'en Arles (Arelate), où la rejoignent la via Domitia, qui descend du val de Suse, et la via Agrippa, qui suit la vallée du Rhône. Toutefois, les bornes milliaires de Puget-sur-Argens (CIL 12, 5454) et de Roquebrune-sur-Argens (CIL 12, 5455), contrairement aux huit bornes qui jalonnent la voie de La Trinité (borne 609) à San Bartolomeo al Mare, località Chiappa (borne 553), n'indique pas les distances depuis Rome, mais depuis le chef-lieu de cité, Fréjus (Forum Iulii). Par ailleurs, les rénovations successives de la voie à l'Ouest du Paillon – 73 bornes ont été retrouvées ou conservées sur la route d'Aix ou sur celle de Digne - confirment le caractère autonome de la voie provençale, à laquelle on conservera suivant l'usage le nom vernaculaire de via Aurelia2.

J'aurai bien souvent l'occasion de revenir sur l'épineuse question des frontières. Bornons-nous ici de noter que sur la Table de Peutinger encore, le Paillon est confondu avec le Var, et qu'il constitue le bras oriental de son delta. Je rejoins ici l'avis de Pascal Arnaud, qui situe sur le Paillon les limites de la via Iulia Augusta, et j'en fais celles de l'Italie, comme il le suggère aussi3. Les quatre bornes milliaires (bornes 212 à 219 ou 601 à 608) de la rénovation de la voie par Hadrien, en 125, permettent de déterminer le tracé original de la via Iulia Augusta: elle débutait dans les faubourgs de Plaisance, sur la Trebbia. Grâce à deux Itinéraires d'Antonin (colonne 1), celui qui mène de Rimini (Ariminum) à Tortona (Dertona) et celui qui va de Rome (Roma) en Arles (Arelate), et à la Table de Peutinger (colonne 2), on en connaît les principaux jalons.

Placentia

Placentia

Comillomago mpm XXV

Cameliomagus

Iria mpm XVI

Iria XVI

Dertona mpm X

Dertona

Aquis mpm XXVIII

Aquis Tatelis XXVII

Crixia mpm XXX

Crixia XXII

Canalico mpm X

Calanico XX

Vadis Sabatis mpm XII

Vadis Sobates

Pullopice mpm XII

-

Albingauno mpm VIII

Albingauno XXIX

Luco Bormani mpm XV

Luco Boramni XV

Costa Balenae mpm XVI

Costa Bellene

Albintimilio mpm XVI

Albintimilio XVI

Lumone mpm X

In Alpe Maritima VIIII

Alpe summa mpm VI

 

Cemenelo mpm VIIII

Gemenello VIIII

Varum flumen mpm VI

Varum

La compilation des deux Itinéraires propose 214 milles entre Plaisance et La Turbie (Alpis Summa), or la borne 604, située près de l'actuelle mairie de La Turbie, est à 215 milles de Plaisance. Il ne faut pourtant pas suivre aveuglément les distances indiquées sur les Itinéraires, dont vingt exemplaires issus de copies médiévales nous sont parvenus, avec leur lot d'interpolations, d'oublis et de cacographies, mais suggérer quelques corrections et examiner pour cela ce qu'on sait du parcours de la via Iulia Augusta.

Beatrice Orsini, dans un savant article, a fait la synthèse du parcours entre Plaisance (Placentia) et Casteggio (Clastidium)4. Elle rappelle notamment que le cours de la Trebbia passait entre Rottofreno et San Nicolò a Trebbia, località Molino Beghi, où elle situe la caput viae. La distance entre Plaisance et Comillomagus, qui constitue la première étape de la via Iulia Augusta, n'est connue que par un Itinéraire de la via Aemilia Lepida, dont le parcours coïncidait avec la via Iulia Augusta jusqu'à Tortona (Dertona). Aux vingt-cinq milles de cet Itinéraire, il faut donc soustraire les 10 km qui séparent le cardo et le decumanus de Plaisance, donc le croisement de la via Cavour et de la via Roma, du lieu-dit Molino Beghi. Si Comillomagus est à 18 milles de la Trebbia, et Voghera (Iria) à 16 milles de Comillomagus, le trajet entre la Trebbia et le cardo et le decumanus de Voghera, qui se croisent Piazzo Duomo, au centre ville, doit faire un peu plus de 50 km.

Beatrice Orsini précise que la voie suivait l'actuelle Strada Provinziale 10, filait à travers Sarmato jusqu'à Castel San Giovanni, Stradella et Broni, en évitant le Montebruciato, avant de redescendre vers Vicomune, où elle situe hypothétiquement Comillomagus. Là, elle empruntait le pied des collines, à l'abri des crues du Pô. Ensuite, passant par Santa Giuletta et Casteggio (Clastidium), la route filait vers Voghera. La plaine padane, malgré les méandres éventuels du Tidone, de la Coppa à Casteggio et de la Staffora, ne constitue pas un obstacle majeur à un tracé rectiligne, au plus court, comme les étapes entre Parme (Parma) et Plaisance le démontrent, mais il n'y a pas lieu de corriger l'Itinéraire, sinon en soustrayant les 7 milles qui séparent Plaisance de la Trebbia5. La proximité de Pavie (Ticinum) suggère un réseau viaire secondaire, passant au confluent du Tessin et du Pô, même si la voie romaine qui menait de Plaisance à Pavie passait au nord du fleuve, par la mansio Ad Lambrum. La localisation de Vicomune (Comillomagus) en fait donc un carrefour naturel entre Plaisance, Pavie et Voghera.

Molino Beghi - Pons Trebiae

caput viae

Vicomune – Comillomagus

mansio

Casteggio – Clastidium

mutatio

Voghera – Iria

caput civitatis

Les “X” milles de l'Itinéraire entre Voghera (Iria) et Tortona (Dertona) sont un peu justes et supposent un itinéraire direct, via Pons Curionis (Pontecurone), sur le Curone, mais l'identification des deux étapes ne fait aucun doute6. Le cardo et le decumanus de Tortona se croisent à l'angle de la via Pellizza da Volpedo et de la via Rinarolo. De Tortona, l'antique via Postumia suivait le cours de la Scrivia par San Bernardino et Bettolè di Castellar Ponzano, tandis que la via Fulvia courait vers Villa del Foro (Forum Fulvii) et Asti (Hasta).

Les “XXVIII” milles qui séparent Tortona d'Acqui Terme (Aquae Statiellae) sont tirés au cordeau, surtout avec le passage de la Scrivia à Tortona, de l'Orba et de la Bormida. Les travaux les plus récents reconstituent un parcours par Bosco Marengo, Predosa, Sezzadio, Castelnuovo Bormida et Strevi7. La Table de Peutinger propose même 27 milles, ce qui paraît peu, d'autant que la borne milliaire de Rivalta Bormida suppose une inclinaison de la route vers le sud (AE 2015, 437)8. Marica Venturino Gambari suppose que ce cippe se trouvait entre Castelnuovo Bormida et Strevi, sans doute au carrefour de la voie secondaire qui menait par la Bormida, à Villa del Foro (Forum Fulvii), et peut-être à l'emplacement d'une mutatio.

Voghera – Iria

caput civitatis

Tortona – Dertona

caput civitatis

Acqui Terme – Aquae Statiellae

caput civitatis

Depuis Trebbia, les voyageurs avaient franchi 72 milles en arrivant sur le forum d'Acqui. Il en restait 50 pour gagner Vado Ligure (Vadae Sabatiae), comme on le verra. Le passage de l'Appennin par le colle di Cadibona, et la descente sur le littoral, entre Acqui Terme et Vado Ligure, a suscité de nombreuses questions, notamment sur la situation administrative de la Bormida di Spigno, attribuée tantôt à Vado, tantôt à Acqui, et parfois même à Alba ou à Albenga, et sur la localisation des deux mansiones qui la jalonnaient, Crixia et Canalicum, connus seulement par l'Itinéraire et la Table, qui se contredisent: le premier situe Crixia à 30 milles d'Acqui, et Canalicum à 10 milles de Crixia, le second propose 22 milles entre Crixia et Acqui, et 20 entre Canalicum et Crixia.

A la sortie d'Acqui Terme, la località Terzo correspond à un antique Ad Tertium, ce qui suppose un itinéraire évitant les méandres de la Bormida9. La route franchissait deux fois le torrent pour gagner la villa rustica de Cartesio, puis se poursuivait jusqu'à Bistagno10. De là, une voie secondaire gagnait, par la vallée de la Bormida di Millesimo, Vesime (Ad Vigesimas), puis Alba (Alba Pompeia) et le Tanaro11. De Bistagno, la via Iulia Augusta passait à nouveau la Bormida di Spigno, jusqu'à Ponti, qui a conservé une borne milliaire de Caracalla dans son église paroissiale (CIL 5, 8083)12. La route gagnait alors, Montechiaro Piana, où se levait dans la période alto-médiévale l'église de la Pieve del Cauro, puis Spigno Monferrato, località Castoria, où sont conservés des vestiges antiques13. La via Iulia Augusta s'élevait alors jusqu'à Merana, località Casorano, puis ralliait Piana, località Pontevecchio, par le colle di Cadibona14.

On arrivait ainsi à Pontevecchio après 22 milles de marche15. De fait, le vieux pont sur la Bormida, est le premier noyau de l'habitat de Piana – rebaptisée Piana Crixia au XXe siècle, mais connue depuis le Xe siècle, et on y a retrouvé des vestiges d'une mansio, comme en atteste le travail de Leonello Oliveri, Primi scavi nella mansio romana di Crixia (Piana, Savona): il faut donc préférer les “XXII” de la Table aux “XXX” de l'Itinéraire. Pontevecchio paraît être le point de départ d'une voie secondaire, gagnant Alba par le colle di San Massimo, et Crixia pourrait étymologiquement correspondre à un antique Ad Crucetam, encore que cela fasse difficulté.

Après Pontevecchio, la via Iulia Augusta partait vers Dego, Rocchetta Cairo et Vesima16. La località Vesima, à Cairo Montenotte, est située à 8 milles de marche de Pontevecchio environ, et donc à “XXX” milles d'Acqui, si l'on suit la leçon de l'Itinéraire. Elle doit représenter un antique Ad Vigesimam, et désigner une mansio située à 20 milles du chef-lieu ou caput civitatis. La localisation de Canalicum a fait débat, mais Giovanni Mennella et Giovanni Cocolutto situent l'étape à Cairo17. Nino Lamboglia, déjà, reconnaissait la mansio dans l'église de la Madonna delle Grazie, coeur de la Pieve San Donato de Cairo18. Comme Pontevecchio, Cairo (Canalicum) est aussi la caput viae d'un réseau secondaire, la magistra Langarum, qui rejoint Alba par Carretto, Santa Giulia, Scaletta et Cortemilia19.

Faut-il préférer Vesima à San Donato/la Madonna delle Grazie ? Pour ce qui est des distances, si Ad Vigesimam est bien à 20 milles de Vado, le total 22 + 8 + 20 (Vesima) ou 22 + 10 + 18 (San Donato) est le même: 50 milles romains entre Acqui Terme et Vado Ligure, contre 52 d'après l'Itinéraire et peut-être 54 d'après la Table. Les “X” milles de San Donato, mentionnés dans l'Itinéraire, sont plus fiables que les “XX” milles de Vesima, mentionnés sur la Table, situés non entre Vado et Canalicum, mais entre Canalicum et Pontevecchio. La topographie n'aide pas à trancher: la mansio se nomme Ad Canalicum, sans doute parce qu'elle flanque un moulin et son canal de dérivation, mais Vesima comme San Donato se situent sur deux rives du fleuve, le long d'une insula. La présence d'autres mansiones nommées Ad Vigesimam dans tout l'Empire me fait pencher pour la première hypothèse, même si les vestiges de l'église paléochrétienne supposent que la zone était d'importance: la nécropole au sud, la mansio au nord.

Vesima

20 milles de Gênes

Hasta

Vesima

20 milles de Vado

Canalicum

Vesime

20 milles d'Alba

Vigesima

De Vesima (Canalicum), la via Iulia Augusta longeait donc le sanctuaire païen de la Madonna delle Grazie, passait l'autre col de Cadibona, puis, par la località Ricchini, gagnait l'église San Carlo de Quiliano, et traversait enfin le torrent homonyme avant de fondre sur Vado Ligure, après 20 milles d'une route aussi pentue qu'étroite, comme Decimus Brutus le notait déjà: iter dificillimum trans Appenninum20. Notons au passage que les 12 milles des Itinéraires, qui sépareraient Vado Ligure de Canalicum, permettent difficilement le voyageur d'arriver à Carcare, où d'aucuns ont situé une mansio, mais correspondent à peu près aux sources de la Bormida.

Acqui Terme – Aquae Statiellae

caput civitatis

Pontevecchio - Crixia

mansio

Vesima – Canalicum/Ad Vigesimam

mansio

Vado Ligure – Vadae Sabatiae

caput civitatis

Arrivé à Vado Ligure (Vadae Sabatiae), le voyageur a déjà couvert 122 milles depuis Plaisance. Il doit alors gagner Albenga (Albingauno) par la mansio de Pullopice. Le cardo et le decumanus d'Albenga se situaient au croisement actuel de la via Enrico d'Aste et de la via Ricci et de la via Medaglie d'Oro, à la Loggia dei Quattro Canta21. Si l'on en croit l'Itinéraire, il fallait compter seulement 20 milles entre les deux cités, ce qui supposerait un trajet très direct, et pour tout dire impraticable, compte tenu de la pente et des nombreux torrents, évitant le littoral très découpé entre Bergeggi et Pietra Ligure. A l'inverse, la Table de Peutinger, qui ignore Pullopice, indique un trajet de 29 milles, ce qui paraît plus raisonnable.

Dans un très long article, Simone Mordeglia, en s'appuyant sur la toponymie et l'archéologie, démontre l'existence d'un circuit côtier entre Bergeggi et Pietra Ligure, et se rallie à l'avis de tous ceux qui se sont penchés sur le sujet: il faut corriger le “XII” ou le “VIII” de l'Itinéraire en un “XXII” ou un “XVIII”22. L'ajout de dix milles sur l'Itinéraire ne pose pas d'immenses difficultés: 1° on a vu que le trajet de la Trebbia à Acqui, de 72 milles, était direct, 2° j'ai proposé 50 milles pour le trajet d'Acqui à Vado, 3° la borne 553 a été retrouvée devant l'église San Giacomo de la località Chiappa, à San Bartolomeo al Mare, ce qui situe le forum d'Albenga à la borne 541, donc à 152 milles de Plaisance, et à 30 milles de Vado23.

L'identification de Pullopice à Finale Ligure, plutôt qu'à Pietra Ligure, n'est pas totalement assurée, mais Finale (Ad Fines) et le fleuve Pora marquent le confin occidental du municipe de Vado, et Pullopice et Pora pourrait partager la même origine. Simone Mordeglia propose comme mansio Calvisio, un lieu-dit de hauteur, sur la commune de Finale, situé à 12 milles de Vado. Si l'on admet sa thèse, il faut ensuite compter 18 milles entre Calvisio et Albenga, ce qui suppose un tracé plus sinueux que le littoral actuel24. Au-delà de la Centa, le parcours de la via Iulia Augusta entre Albenga et Alassio fait encore le bonheur des randonneurs. D'Alassio, la voie romaine évitait le capo Mele, et montait vers la località Chiappa, où la borne 553 a été trouvée, avant de redescendre à San Bartolomeo al Mare (Lucus Bormani). La mansio de Lucus Bormani correspondrait au lieu-dit Madonna della Rovere, à 167 milles de la Trebbia.

Entre San Bartolomeo al Mare (Lucus Bormani) et Riva Ligure (Costa Balenae), l'Itinéraire compte 16 milles, tout juste un peu plus que les 23,3 km du parcours littoral. La mansio de Riva Ligure (Costa Balenae), où fut retrouvée une église paléochrétienne, est située au Capo Don, à l'embouchure de l'Argentina, probablement à la frontière entre les cités d'Albenga et de Vintimille (Alba Intemelium). Il y a 16 milles entre Riva Ligure et Vintimille (Alba Intemelium), à l'embouchure de la Nervia, là encore un peu plus que les 23,4 km du parcours littoral. Il est fort probable que le trajet ait compté une mutatio, peut-être à Sanremo (Matutianum).

Vado Ligure – Vadae Sabatiae

caput civitatis

Finale Ligure, Calvisio - Pollupicis

mansio

Albenga – Alba Ingaunum

caput civitatis

San Bartolomeo al Mare – Lucus Bormani

mansio

Riva Ligure – Costa Balenae

mansio

Ventimiglia – Alba Intemelium

caput civitatis

Carnolès – Lumone

mansio

La Turbie – Alpis Summa

mansio

Les bornes milliaires conservées dans l'église San Michele de Vintimille sont situées à 589 et 590 milles de Rome, or la Vintimille nervienne est à 10 milles de Carnolès (Lumone). Il faut ainsi imaginer la borne 588 à l'embouchure de la Nervia, à 202 milles de Plaisance. Le tracé exact de la via Iulia Augusta dans le Mentonnais fera l'objet d'un autre article: les propositions de Jérôme Repetti, dans l'ouvrage collectif sur la via Iulia Augusta, paraissent bien corroborées par les sources notariées du XVe siècle et la toponomastique, à laquelle je consacrerai d'abondantes notes. Pour la reconstitution du tracé qui nous occupe, notons que les Cuses (Ad Clusas) sont à la borne 594, Carnolès (Lumone) se situe à la borne 598 et La Turbie (Alpis Summa) à la borne 604, soit les 6 milles indiqués par l'Itinéraire. Cimiez (Cemenelum) se trouvait ainsi à 613 milles de Rome25.

Une dernière différence, de taille, distingue l'Itinéraire de la Table: la mansio de Lumone a disparu, comme Pullopice, et In Alpis Summa est devenue In Alpis Maritima, s'il s'agit bien du même lieu. Quant à la distance de “IX” milles, elle ne correspond ni au tronçon Vintimille-Carnolès, ni au tronçon Carnolès-La Turbie. Je consacrerai un prochain article à ce sujet.

VIA IULIA AUGUSTA

 

Trebbia flumen

Aquis mpm XXVIII

Pullopice mpm XII

Albintimilio mpm XVI

Comillomago mpm XVIII

Crixia mpm XXII

Albingauno mpm XVIII

Lumone mpm X

Iria mpm XVI

Canalico mpm VIII

Luco Bormani mpm XV

Alpe summa mpm VI

Dertona mpm X

Vadis Sabatis mpm XX

Costa Balenae mpm XVI

Cemenelo mpm VIIII





1D'Auguste: San Bartolomeo al Mare n°553 (CIL 5, 8085), Sanremo (CIL 5, 8086), Vintimille n°590 (CIL 5, 8088), Roquebrune-Cap-Martin n°601 (CIL 5, 8094), La Turbie n°603 (CIL 5, 8098), La Turbie n°604 (CIL 5, 8100), La Turbie n°605 (CIL 5, 8101), La Turbie n°607 (CIL 5, 8105). D'Hadrien: Roquebrune-Cap-Martin n°212/601 (CIL 5, 8095), La Turbie n°216/605 (CIL 5, 8102), La Turbie n°217/606 (CIL 5, 8103), La Turbie n°219/608 (CIL 5, 8106). De Caracalla: Ponti (CIL 5, 8083), Alassio (CIL 5, 8084), Vintimille n°589 (CIL 5, 8087), Vintimille n°590 (CIL 5, 8089), Vintimille (CIL 5, 8090), Vintimille (CIL 5, 8091), Vintimille (CIL 5, 8092), Roquebrune-Cap-Martin (CIL 5, 8093), Roquebrune-Cap-Martin n°601 (CIL 5, 8096), Roquebrune-Cap-Martin n°602 (CIL 5, 8097), La Turbie n°603 (CIL 5, 8099), La Turbie n°606 (CIL 5, 8104), La Turbie n°608 (CIL 5, 8107). De Valentinien: Rivalta Bormida (AE 2105, 437), Varigotti (SupplIt, 02, 1983, p. 212, nr. 11)

2D'Auguste: Ampus n°20 (CIL 12, 5450), Anthéor (CIL 12, 5444), Puget-sur-Argens (CIL 12, 5454), Roquebrune-sur-Argens (CIL 12, 5455). De Tibère: Ampus (CIL 12, 5449), Draguignan (CIL 12, 5447), Golfe-Juan (CIL 12, 5441), Le Muy (CIL 12, 5445), Trans-en-Provence (CIL 12, 5446). De Claude: Pourcieux (CIL 12, 5476), Saint-Maximin (CIL 12, 5589), Saint-Maximin (CIL 12, 5590). De Néron: Brignoles (CIL 12, 5472), Cabasse (CIL 12, 5471), Cap de l'Estérel (CIL 12, 5459), Cap de l'Estérel (CIL 12, 5460), Cap de l'Estérel (CIL 12, 5461), Le Cannet (CIL 12, 5468), Le Luc (CIL 12, 5469), Les Arcs (CIL 17, 38), Taradeau (CIL 17, 41), Tourves (CIL 12, 5475). D'Antonin: Cap de l'Estérel n°7 (CIL XII, 5458), Cap de l'Estérel n°13 (CIL 12, 5462), Les Arcs (CIL 12, 5464), Rousset (CIL 12, 5446), Vérignon (CIL 17, 73), Vérignon (CIL 17, 76). De Septime Sévère: Castellane (AE 1902, 90), Riez (CIL 17, 80). De Caracalla: Andon (CIL 12, 5432), Andon (CIL 12, 5433), Andon (CIL 12, 5434), Andon (CIL 12, 5435), Andon (CIL 12, 5436), Briançonnet (ILAM 416), Briançonnet (ILAM 417), Castellane (CIL 17, 13), Castellane (CIL 17, 16), Castellane (CIL 17, 18), Coursegoules (AE 1995, 1017), Gréolières n°11 (CIL 12, 5430), Gréolières n°10 (CIL 12, 5431), Senez (CIL 17, 17). De Maximin: Vence (CIL 12, 5427), Vence (CIL 12, 5428). De Philippe: Castellane (AE 1995, 1018). D'Aurélien: Fréjus (CIL 12, 5456). De Probus: Brignoles (CIL 12, 5472), Castellane (CIL 17, 14), Vence (AE 2010, 834), Vidauban (CIL 12, 5467). De Constantin: Antibes (CIL 17, 20), Antibes (CIL 17, 21), Antibes (CIL 17, 22), Cabasse n°34 (CIL 12, 5470), Cagnes-sur-Mer (CIL 17, 1), Cagnes-sur-Mer (CIL 17, 19), Cannes (CIL 12, 5443), Castellane (AE 1995, 1018), Fréjus (CIL 12, 5457), Fréjus (CIL 12, 5463), Golfe-Juan (CIL 12, 5442), Le Muy (CIL 17, 37), Les Arcs (CIL 12, 5465), Nice (CIL 5, 8108), Nice (CIL 5, 8109), Soleilhas (AE 1996, 966), Taulanne (CIL 12, 5439), Vence (AE 1995, 1016), Vidauban (CIL 17, 42), Vidauban (AE 1995, 1031). De Valentinien: Fréjus (CIL 12, 5463).

3Daniela Gandolfi, Pascal Arnaud et alii, Via Iulia Augusta. Un itinéraire romain exceptionnel, Menton, 2008.

4Beatrice Orsini, https://issuu.com/istitutobeniculturali/docs/romit-percorsi/.

5Un tel trajet par la Strada Provinziale représente aujourd'hui 47,8 km. Molino-Beghi à Broni 25,6 km, Broni à Santa Giuletta 8,4 km en passant par les collines de Vicomune, Cassino Po' et Redavalle, Santa Giuletta à Voghera 15,0 km.

6Voghera-Tortona 15,11 km à vol d'oiseau.

7Romeo Pavoni, http://www.archiviostorico.net/libripdf/storia_Ovada.pdf.

8Marica Venturino Gambari et alii, http://archeo.piemonte.beniculturali.it/images/pdf-editoria/quaderni/quaderno-30/09_Q30_NotiziarioAlessandria.pdf.

9Giovanni Deluigi, http://www.comune.terzo.al.it/la-storia.html.

10Terzo-Bistagno 5,1 km.

11Silvia Giorcelli Bersani, http://www.ojs.unito.it/index.php/historika/article/viewFile/87/47.

12Bistagno-Ponti 4,2 km.

13Ponti-Spigno Monferrato 11,9 km.

14Spigno Monferrato-Pontevecchio 9,5 km.

15Aux 5,92 km d'Acqui-Terzo, il faut ajouter 30,7 km, soit 36,6 km ou 25 milles. La distance est certainement surévaluée. Les trajets Lumone-La Turbie et Paillon-La Turbie, qui présentent des pentes et des contraintes au moins aussi importantes, présentent 21% et 14% de trajet surnuméraire par rapport au vol d'oiseau. Même en tenant compte de la bifurcation par Bistagno, on obtient 27,4 km à vol d'oiseau entre Pontevecchio et Acqui, et en y ajoutant 20%, 32,9 km, soit 22 milles.

16Pontevecchio-Rocchetta Cairo-Vesima 13,7 km. Là encore, 9,6 km à vol d'oiseau, donc 11,52 km en ajoutant 20%, soit 8 milles qui font 30 milles depuis Acqui.

17Giovanni Mennella et Giovanni Cocolutto, Liguria reliqua trans et cis Appenninum.

18Le sanctuaire est 2,32 km plus au Sud, à vol d'oiseau, donc à 10 milles de Pontevecchio.

19Paolo Sapienza, La frequentazione romana nella Regio IX: problematiche insediative e territoriali nel Piemonte sud-occidentale.

20Vesima-Carcare 6,8 km, Carcare-Cadibona 9,4 km, Cadibona-Vado Ligure 10,8 km, soit 28 km ou 19 milles. Avec Quiliano, Cadibona et Carcare comme étapes, 21,39 km, et 20% en plus font 25,6 km, soit 17 milles.

21Vado Ligure-Pietra Ligure 16,97 km, Pietra Ligure-Ceriale 7,81 km, Ceriale-Albenga 5,40 km, soit 30,18 km.

22Simone Mordeglia, “La via Julia Augusta tra Vado a Finale Ligure: ipotesi ricostruttive di un antico percorso”.

23Il y a 3,32 km entre la Madonna delle Rovere, où on a identifié la mansio de Lucus Bormani, et l'église San Giacomo de la località Chiappa, soit 3 milles. Il en manque donc 12 pour gagner Albenga, si l'on suit l'Itinéraire, sachant qu'une borne a été retrouvée dans l'église d'Alassio. De l'église San Giacomo au forum d'Albenga, 13,89 km à vol d'oiseau, soit 10 milles environ.

24Par la via Aurelia, il y a 23,8 km, il faut donc supposer un trajet moins direct, se poursuivant en partie dans l'intérieur des terres.

25En ligne droite, il y a 4,2 km entre le monastère de Cimiez et les Gerles, borne 609, mais il faut traverser le Paillon.

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Histoire du Mentonnais antique et médiéval
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